L’Eglise Catholique Gallicane ou Eglise Catholique de France a pour profession de foi le Symbole des Apôtres développé par le Concile de Nicée – Constantinople en 325 et 381 et complété par les professions de foi des Pères de l’Eglise.
• La référence de l’Eglise Catholique Gallicane au gallicanisme historique
Par ces préceptes, l’Eglise Catholique Gallicane :
– se fonde et se réfère au gallicanisme historique (Déclaration des Quatre Articles de Mgr Bossuet) qui a toujours défendu les valeurs de l’Eglise de France face à la papauté et se démarque aussi de ces « groupuscules néo-gallicans » qui apparaissent sur internet et ailleurs, formant un syncrétisme inapproprié à la démarche ecclésiale
– est et reste la référence explicite et délibérée au Catholicisme dont elle est l’un de ses corps vivants en ce qu’elle assume une fidélité avouée à l’Eglise universelle. Eglise qui, au travers de la catéchèse recouvre tout à la fois :
• la martyria témoignage par le ministère de la parole
• la liturgia actes rituels et solennels du cérémoniel religieux
• la diakonia ministère de ceux qui, appelés par Dieu, proclament la religion
parmi les hommes
• la koinonia communion fraternelle entre les hommes
– entend constamment que la France soit toujours considérée par la papauté comme « la Fille aînée de l’Eglise » mue non par une volonté d’indépendance ou de sécession vis à vis de Rome — comme ce fut le cas pour les anglicans — mais par une volonté réelle et une forte sensibilité de respect du particularisme national et du souverainisme national liées aux Libertés Gallicanes Françaises
– reçoit son enseignement de Rome et reconnait comme siens, sans restrictions ni aménagements, tous les dogmes qui ont été définis par l’Eglise Romaine depuis les temps apostoliques jusqu’au premier Concile Vatican I en 1870 ; et partage les mêmes conceptions théologiques, sacramentelles et ecclésiologiques que Rome
– respecte les rites liturgiques des premiers Chrétiens et célèbre, de préférence, la Sainte Messe ad orientem, selon le rite de Saint Pie V (54) et en application du Motu Proprio Summorum Pontificum du pape Benoît XVI
– reconnait le Pape comme référent absolu dans l’exercice plein et entier de son pouvoir spirituel puisque — à l’instar de n’importe quel autre prêtre mais plus encore en sa qualité de souverain pontife — il est dans la religion catholique « la lumière qui dissipe les ténèbres » (55) , qui pose les fondamentaux de la spiritualité et de la foi ; et auprès duquel des liens nourris, fraternels et respectueux ne peuvent qu’être entretenus
– les institutions au lectorat à l’acolytat mais aussi les consécrations diaconales, sacerdotales et épiscopales au sein de l’Eglise Catholique Gallicane sont revêtues d’une réelle licéité et validité puisqu’elles s’inscrivent dans la succession apostolique du gallicanisme catholique historique.
– à titre informatif, pour tous ces farauds que leur infatuation ou leur suffisance rend aveugle, force est de leur rappeler ou de leur inculquer que l’Eglise Catholique Gallicane est ce que l’Etat est à la France : une institution gravée dans le marbre des siècles de l’Histoire de notre pays, avec laquelle Rome a toujours collaboré ou oeuvré en dépit de petites escarmouches sporadiques ; attestant ainsi de sa licéité apostolique vis à vis du siège pétrinien.
• L’affranchissement de l’Eglise Catholique Gallicane vis à vis de Rome
Pour autant, l’Eglise Catholique Gallicane — qui n’est pas une « Eglise de plus » ou une « Eglise parallèle » et encore moins une « Officine sectaire » ou une « Eglise déclarée schismatique par Rome », mais simplement une façon de penser le catholicisme différemment — s’affranchit et s’amende de Rome puisqu’elle prône notamment :
– l’insertion du christianisme dans l’organisation de la société, se manifestant par une efflorescence d’initiatives, d’ouvertures et d’acceptations plurielles
– l’implication imparable du catholicisme dans l’ordre social en ce que les Chrétiens doivent emprunter à l’Evangile, les normes et les lumières de leur pensée et de leur action
– la reconnaissance stricto sensu du Pape comme « Primus inter pares » à savoir « premier entre tous ses égaux » en ce qu’il préside l’Eglise mais sans avoir de pouvoirs propres puisque c’est au Concile (Saint Synode) que revient l’autorité dans l’Eglise où les décisions sont prises par consensus
– le rejet de l’infaillibilité pontificale ou de l’irréformabilité des jugements du pape
– le rejet de l’affirmation de la primauté du pape. Cette question de la « Primauté apostolique dans le bienheureux Pierre » mais aussi d’ailleurs, le « Magistère infaillible du Pontife romain » ont été posé, « en majesté », le 18 juillet 1870, dans le Prologue de la I ère Constitution Dogmatique « Pastor aeternus » du Concile Vatican I. Puis cette question de la « Primauté de Pierre et de ses successeurs » fut exprimée dans l’Encyclique « Ut unum sint » du pape Jean Paul II, le 25 mai 1995. Sous l’égide de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, cette question de l’exercice du ministère pétrinien a donc donné lieu tant à un Symposium doctrinal au Vatican du 02 au 04 décembre 1996, qu’à la publication des « Actes du symposium théologique » ; et enfin, à un texte du cardinal Joseph Ratzinger, Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi en date du 31 octobre 1998 intitulé : « La primauté du Successeur de Pierre dans le mystère de l’Eglise. »
– un mode de gouvernement ecclésial selon les anciens Canons de l’Eglise primitive en ce que l’autorité dans l’Eglise Catholique Gallicane est synodo-épiscopale, à savoir que la gouvernance de l’Eglise associe Evêque, clergé et laïcs. Ainsi, tous prennent part aux décisions synodales qui sont réfléchies puis votées
– un oecuménisme des trois branches de la Chrétienté représentées par ses trois Evêques : celui de Rome, celui de Constantinople et celui de Cantorbéry
– l’élection des évêques par le clergé et les fidèles
– le libre choix du célibat ou du mariage des prêtres et des évêques, comme il l’était dans l’Eglise primitive. Nous respectons le célibat ecclésiastique comme une exception légitime, tout comme l’asexualité, mais à la condition que célibat et asexualité soient décidé librement. Il vaut mieux être un bon prêtre, un bon époux et un bon père de famille, qu’un mauvais prêtre célibataire et a fortiori un prêtre pédophile.
C’est ce qu’avait compris l’Eglise primitive. Jésus-Christ, lui-même, avait choisi ses apôtres parmi des hommes mariés, sauf saint Jean qui était trop jeune. C’est pourquoi, disait saint Jean Chrysostome, saint Paul a cité l’Evêque à propos du mariage : « Si quelqu’un désire être Evêque, il désire une oeuvre excellente. Mais il faut que l’Evêque soit irréprochable, mari d’une seule femme, qu’il gouverne bien sa propre famille, tenant ses enfants dans la soumission, car si quelqu’un ne sait pas conduire sa propre famille, comment pourra-t-il gouverner l’Eglise de Dieu » (St Paul à Timothée, III, 1 à 5)
– l’ordination des femmes au diaconat comme l’Eglise des premiers siècles l’autorisait. Ainsi en fut-il de sainte Roseline de Villeneuve (1263 – 1329) — moniale chartreuse française — qui en 1288 reçut de l’Evêque de Fréjus Mgr Jacques Dueze qui deviendra pape sous le nom de Jean XXII (56), la consécration de diaconesse. Sainte Roseline est exposée dans sa châsse revêtue de l’étole diaconale et du manipule en la chapelle sainte Roseline aux Arcs dans le Vaucluse.
– la communion sous les deux espèces : pain et vin / Corps et Sang du Christ donnée à tous, y compris aux personnes divorcées. Comme le relate saint Matthieu : Jésus prit du pain, prononça la bénédiction, le rompit et le donna à ses disciples, en disant : « Prenez et mangez : ceci est mon corps. » Puis, prenant une coupe et rendant grâce, il la leur donna, en disant : « Buvez-en tous, car ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, répandu pour la multitude en rémission des péchés.» Aussi, appliquant le précepte divin, les fidèles des premiers siècles communiaient sous les deux espèces. Nous perpétuons ce type de sacrement : Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (Mt 26, 26-28)
– la liberté de la confession auriculaire à savoir la confession privée faite à un prêtre, en ce que si nous admettons ce type de confession qui ne peut-être agréable à Dieu que faite librement et non par contrainte ; nous en rejetons, pour autant, tous les abus tendant à lui donner une forme inquisitoriale. En effet, la confession est pour nous la libre confidence du malade spirituel au médecin des âmes. N’étant pas obligatoire, la confession est « conseillée » dans un climat de confiance : « Je connais mes brebis, mes brebis me connaissent » dit Jésus
– le bannissement des excommunications car nous ne saurions éloigner ou évincer une soeur ou un frère de la table du Seigneur qui a, Lui même bien spécifié en instituant l’Eucharistie : « Prenez et mangez, buvez-en tous ». Cet adjectif indéfini « tous » inclut la globalité des chrétiens et ne peut se fonder sur un tri sélectif entre ceux qui seraient dignes et d’autres non de communier.
Cette ouverture à l’Autre s’entend aussi des personnes divorcées et divorcées / remariées qui, elles aussi, sont invités à la Sainte Table du Seigneur
– la liberté en matière de jeûne et d’abstinence Nous ne prescrivons ni jeûne ni abstinence, et laissons aux fidèles l’entier discernement en cette matière. Les jeûnes et les abstinences ne sont que des coutumes que Dieu ne commande pas. Quand Jésus a dit : « Faites pénitence », il évoquait non des pratiques convenues, concrétisées à des époques déterminées, mais de la vie intérieure du chrétien. « Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l’homme, mais ce qui en sort, les mensonges, les calomnies et les faux témoignages » (Mathieu 15,11-19)
– un accueil et une ouverture à l’égard des personnes divorcées et divorcées / remariées, dont nous acceptons de bénir leur seconde union. En effet, quand un couple vient nous demander la bénédiction de l’Eglise à la formule sacramentelle du « oui » de son nouvel espoir et de son nouvel engagement devant Dieu — en vertu de notre pouvoir de lier et de délier — dans la mesure de la sincérité des coeurs, nous bénissons. Notre position est avant tout tolérance et charité.
Le Christ a toujours tendu la main à l’être humain, jamais il n’a fermé la porte. D’aucuns ont une propension à oublier trop souvent que Jésus est le Dieu qui sauve et non celui qui juge ; celui qui rend l’espoir et non celui qui condamne pour enfermer l’être humain dans une culpabilité sans issue.
– une bénignité non feinte à l’égard des identités sexuelles différenciées que nous accueillons, écoutons, aidons dans le partage et la découverte de l’amour du Christ
– une attention particulière à l’égard des femmes désireuses d’avorter car si au sein de l’Eglise Catholique trois courants de pensée poignent :
• saint Basile pour qui l’âme est unie au corps à la conception
• saint Thomas d’Aquin pour qui l’âme est unie au corps à la moitié de la grossesse
• saint Augustin pour qui l’âme est unie au corps à la première respiration
il appartient à la conscience de chacun, aidée des conseils du prêtre, du médecin, des travailleurs sociaux, de la famille de trouver les solutions permettant d’envisager raisonnablement la venue au monde de l’enfant
– une lutte sans concession contre les atteintes sexuelles inter-religieuses faites notamment aux mineurs : « pédo-cléricalité »
– une prise en considération du monde animal en tant qu’êtres vivants doués de sensibilité.
Au regard de la controverse existant entre gallicans et romains développé supra —que quelques esprits chagrins considèrent comme désuet ou dépourvu d’intérêt — il importe d’acter en réalité sa criante actualité et donc pérennité.
En effet, il est évident — encore en ce XXI ème siècle au sein de notre société française — que la question de savoir ce qui relève du spirituel et ce qui relève du temporel continue d’agiter grandement les esprits qu’ils soient politiques, religieux, philosophiques, ethniques.
Ainsi, est-il récurent tant au niveau de l’apparition qu’a fortiori de la prolifération de faits sociétaux religieux, comme la recrudescence de signes ostentatoires de « religiosité » : port de la barbe, du kamis blanc et ample, du hidjab ou du jilbab ou du tchador ou du niqab ou de la burqa ou du sitar — port de la croix ou d’une médaille chrétienne
— port de la barbe et des Peot, du Talit et des Tsitsits, des Téfilins, du Shtraïmel, de la Kippa juive
— port de la barbe, des cheveux longs et du turban sikhs ……….
que nous nous affrontons encore et toujours, et avec une acuité sans cesse exponentielle, à cette bycéphalité : pouvoir spirituel / pouvoir temporel.
Dès lors, si l’histoire de cette controverse historico-religieuse nous rappelle d’où nous venons, nous catholiques gallicans français ; elle nous interpelle, car elle n’est nullement frappée d’obsolescence au visa de la constance de cette dualité ou bycéphalité ; nous permettant ainsi de penser et de conclure que le Gallicanisme reste un passé d’avenir imparable pour un retour à une réelle souveraineté de l’Eglise Catholique Gallicane de France.
Comme le souligne avec justesse cette maxime que nous faisons notre mais au sens propre du terme et, dans ses deux composantes :
« Remettons l’église et l’Eglise au centre du village »
54) Pape Pie V – Pontifex maximus du 07 janvier 1566 au 01er mai 1572
55) Jean Domat (1625 – 1696), Jurisconsulte français, Harangues – Paris, 1657
56) Pape Jean XXII – Pontifex maximus du 07 août 1316 au 04 décembre 1334