* Incongruité de la « Damnatio memoriae » pétrinienne
De cette différenciation / opposition entre Gallicanisme et Ultramontisme, a vu germer en l’Eglise de Rome un dessein profond d’omni-puissance et une volonté farouche d’effacement des prêtres catholiques gallicans, qui sont pourtant les héritiers d’un haut lignage de prélats catholiques remontant à des siècles comme nous le développerons et le prouverons ci-après, mais que le bas et le haut clergé romain — encore à ce jour —ne cesse pour autant de vilipender et / ou de rejeter.
Ce rejet quasi « institutionnalisé » :
– de ce que nous sommes, à savoir des prélats catholiques gallicans français de longue lignée,
– de ce que les prédécesseurs des prêtres romains actuels étaient, à savoir eux aussi des prélats catholiques gallicans français, des cardinaux aux curés, des évêques aux abbés et ce, pendant des siècles,
– et, de ce que les prêtres romains actuels sont toujours, à savoir les héritiers des prélats catholiques gallicans français durant sept cents ans qu’ils le veuillent ou non, conduirait-il le Saint Père et la Curie, à l’instar des pharaons Toutankhamon, Sethi Ier et Ramses II vis-à-vis de leur prédécesseur, le pharaon Amenhotep IV nommé aussi Aménophis IV ou Akhenaton :
– à occulter sept siècles de gallicanisme en France ?
– à effacer le cartouche même du mot gallican de l’Histoire religieuse de France ?
– à supprimer toutes les représentations historiques du Gallicanisme français ?
– à détruire toutes les églises et tous les monuments religieux gallicans ?
– à officier un autodafé des ouvrages religieux gallicans rédigés au fil des siècles ?
– à jeter bas tous les rites et tous les chants liturgiques gallicans dont certains subsistent encore dans la liturgie romaine, y compris en la basilique saint Pierre de Rome ?
– à faire oublier au peuple de fidèles un pan immense de l’histoire religieuse française ?
– à nier l’existence même de l’apport intellectuel et théologique de nombre d’érudits gallicans qui ont fait la France catholique notamment les docteurs, bacheliers et licenciés de la Faculté de Théologie de Paris « La Sorbonne » de 1657 à 1789
– à anathématiser les prélats catholiques gallicans en osant les qualifier ou les affubler de ces vocables inappropriés et immondes de « schismatiques, hérétiques, impies, intrus, apostats, séditieux, captieux …. ? »
– à juger, et à quel titre d’ailleurs et sur quel fondement ? que tous les sacrements conférés par le presbytérat et l’épiscopat de l’Église Catholique Gallicane de France pendant des siècles et depuis des siècles, au peuple de fidèles de France, ne sont ni licites ni valides ?
– à gommer toute trace, toute mention, toute référence d’un souverainisme religieux français ancestral et donc d’une Église catholique nationale et d’un catholicisme à la française ?
– à nous éradiquer de la surface de la terre ou à nous atomiser dans un néant interstellaire ?
La réponse pourrait être affirmative si le Gallicanisme en effet constituait une « religion nouvelle », or il n’en est rien car – est-il encore besoin de le rappeler ? … a priori oui … – il n’est qu’une sensibilité du catholicisme français et feindre de l’ignorer rabaisse par nature ceux qui se vautrent dans ce raisonnement abscons et inepte.
Cette « Damnatio memoriae » dont la majorité des prêtres catholiques romains use avec tant de suavité nocive et de malignité dépréciative, en actes et en paroles, à l’égard de ceux qu’ils honnissent – nous prêtres catholiques gallicans – va-t-elle s’étendre jusqu’à la nuit des temps pour que Rome puisse encore et encore, pour toujours et toujours « régner » dans sa suffisance et dans votre morgue, elle qui , paradoxalement, exalte tant :
« La religion de l’amour, du partage et de l’ouverture à l’Autre ? »
La réponse pourrait être affirmative mais ce serait sans compter sur l’intelligence du peuple de Dieu et sur sa prise de conscience d’une Église romaine en opposition flagrante aux préceptes du Christ et en déliquescence de son génome originel – désormais inexistant – celui de l’accueil de l’Autre et du refus du rejet de ses frères en Christ.
Il est vrai que cet écrit par la force de ses mots, par la puissance de ses axiomes, par la pugnacité de ses expressions et enfin, par l’intensité de son écriture, risque de déplaire à quelques bélîtres ou à quelques esprits chafouins ; mais nous en assumons et revendiquons pleinement tous les termes.
Et peu nous chaut si certains de nos amis prêtres romains se détournent de nous, c’est qu’en réalité le présent récit sur cette sensibilité du « catholicisme français éclairé » tel que représenté par le Gallicanisme et son histoire séculaire les gêne et les embarrasse plus que de raison.
Alors oui, à l’instar d’une bombe à fragmentation qui explose soit avant d’atteindre sa cible soit à l’impact en libérant des milliers d’éclats qui se propagent à haute vitesse dans des directions aléatoires ou précises en fonction des effets désirés, cet écrit se veut tout à la fois explosif et volcanique / instructif et didactique.
Dès lors, l’étude de ce qu’est le Gallicanisme dans l’analyse qui en est faite :
– non seulement, ne constitue nullement un brûlot à l’encontre de nos frères / prêtres romains, du moins pour ceux d’entre eux qui restent dans l’accueil et l’ouverture de leurs frères / prêtres gallicans ; pour les autres……. l’aigreur qui les anime, la rancoeur qui les tenaille, le dédain qui les ronge, le mépris qu’ils manifestent avec tant de hargne, de grogne, de rogne et de morgue à notre égard ne les grandit ni à la face de Dieu ni à la face du peuple de Dieu,
– mais aussi, acte de manière imparable, que pendant quinze siècles après la conversion de Clovis et son baptême à Reims par saint Rémy, rejetant du même coup l’arianisme, la terre religieuse de France :
• à l’origine aride car desséchée en croyance,
• a alors été défrichée c’est à dire rendue propre à une vrai culture religieuse,
• a alors été débroussaillée c’est à dire débarrassée et extirpée de ses éléments païens,
• puis a été labourée c’est à dire creusée en profondeur par une vraie religion catholique nationale,
• puis a été binée c’est à dire bêchée encore plus en épaisseur par un catholicisme souverainiste,
• a même été ameublie c’est à dire améliorée dans ses conditions d’existence et de développement de son Eglise nationale de France,
• et enfin a été ensemencée c’est à dire pourvue et dotée des plus grands et flamboyants érudits et théologiens gallicans
et ce, au travers d’une empreinte indélébile et d’un enracinement gallican pluriséculaire qui a permis de moissonner un catholicisme gallican français sempervirent
N’en déplaise aux butors …. le Gallicanisme a façonné la France religieuse et intellectuelle d’hier et d’aujourd’hui, et n’est pas réduite en ce XXI ème siècle, comme l’énonçait Ernest Renan parlant du Christianisme :
« Au parfum du parfum d’un vase »
mais reste, ce que nous nommons avec vérité, réalité, sincérité et objectivité :
« Le suc prégnant d’un Gallicanisme en majesté »
Il n’en reste pas moins que non sans un mépris certain et non sans une inculture feinte, d’aucuns s’autorisent encore au XXI ème siècle — nonobstant cette vérité religieuse et ecclésiale imparable qu’est le Gallicanisme en majesté baigné de souverainisme absolu qui a fait la grandeur pluri-séculaire de la France religieuse — à oser se glorifier et à oser s’enthousiasmer que la République française laïque au travers de la loi du 9 décembre 1905 a « rendu à l’Eglise Catholique sa totale liberté et au Pape une autorité pleine et entière sur le clergé de France. » ! (1)
C’est faire preuve de peu d’imprégnation historico-religieuse de la France que d’user de propos aussi déclamatoires voire incantatoires de la part d’un Premier ministre, laissant à penser que l’Eglise Catholique de notre pays avec ses prélats et son peuple de fidèles se doit d’être placée sous la tutelle, sous la férule de Rome plutôt que de s’émanciper et de s’épanouir en liberté religieuse en ce XXI ème siècle comme cela fut la cas pendant sept siècles.
– et enfin, donnera à n’en pas douter, à tout un chacun une approche et une connaissance historico-religieuse prégnante de ce qu’a été, de ce qu’est et de ce que sera toujours et à jamais le souverainisme de l’Eglise Catholique de France : le Gallicanisme composé de prêtres catholiques gallicans en phase avec la vie sociétale française et les approches théologiques, sacramentelles et ecclésiologiques de Rome.
Alors même que la France traverse un vide spirituel qui témoigne d’un vide métaphysique abyssal, gageons que la présente présentation du Gallicanisme redonnera à tout un chacun une transcendance théologique et philosophique digne des plus grandes heures de l’Histoire de l’Eglise Catholique Gallicane de notre pays.
Il est essentiel, dès lors, d’analyser « Le religieux séculaire de notre pays » qu’est le gallicanisme non comme « un simple patrimoine », mais comme un véritable héritage toujours vivant, car on ne construit pas un avenir sur l’amnésie.
(1) Discours du 18 octobre 2021 de Jean Castex Premier ministre de la République française à l’occasion du centenaire du rétablissement des relations diplomatiques entre la France et le Saint Siège : 1921-2021