Mais au-delà de cet aspect historico-religieux que nombres de membres du clergé romain occultent sciemment tant la gêne et l’embarras sont présents en permanence en eux ; il importe de se référer au sens même du mot « catholique » (adjectif venant du grec Katholikos signifiant « universel ») pour en conclure à sa parfaite adéquation et à son entière symbiose avec le gallicanisme.
Loin de nous l’idée de faire abstraction d’hommes de qualité et d’intelligence chez les prélats romains — oui …. ils existent — et il nous est même possible de nous y référer, pour en conclure, à l’acception imparable du mot catholique aux gallicans ; fermant ainsi le ban à la critique venimeuse d’une romanité sclérosés dans son étroitesse d’esprit et sa méconnaissance réfléchie ou son ignorance assumée du fait religieux gallican séculaire.
La réalité de « l’imprimatur catholique » au prêtre gallican est indiscutable et ne saurait souffrir discussion superfétatoire ou polémique stérile au visa de trois éléments :
– le premier, en ce que le gallican peut certifier avoir reçu les trois sacrements de l’initiation chrétienne :
* le Saint Baptême — premier sur sept de tous les sacrements catholiques — est le porche de la vie dans l’esprit (vitae spiritualis ianua) 9 et la porte qui ouvre accès aux autres sacrements. Il introduit l’homme dans la famille des chrétiens qui dès lors est incorporé à l’Eglise. Il est le sacrement de « l’identité chrétienne » 10 indélébile car ancré chez celui qui a reçu le baptême.
* la Sainte Confirmation — second sur sept de tous les sacrements catholiques — est nécessaire à l’accomplissement de la grâce baptismale ; en ce que le lien du baptisé avec l’Eglise catholique est encore rendu plus parfait car enrichi d’une force spéciale de l’Esprit Saint.
* la Sainte Eucharistie — troisième sur sept de tous les sacrements catholiques — achève l’initiation chrétienne en ce que celui qui a été élevé au sacerdoce royal par le Baptême et configuré plus profondément au Christ par la Confirmation, celui-là par le moyen de l’Eucharistie participe avec toute la communauté au sacrifice même du Seigneur.
Il est donc incontestable que par ces trois Sacrements de l’initiation chrétienne, l’homme né à une vie nouvelle par le baptême catholique qu’il reçoit ; puis, est fortifié par le sacrement de la confirmation reçu de l’Evêque ; et enfin reçoit, dans l’Eucharistie, le pain de la vie éternelle.
Nous avons ici trois des actes de catholicité inébranlables et irréfragables qui actent la catholicité d’un homme ; toute allégation contraire relève de la plus sotte et inquiétante ineptie.
– le second, en ce que le gallican épouse le principe d’universalité de vocation de l’Eglise catholique dont la mission s’étend à tous les temps, à tous les lieux et à toutes sortes de personnes par le biais de l’évangélisation
– le troisième, en ce qu’à l’instar de tout catholique, le gallican « est un disciple du Christ qui a été appelé à suivre la voie ouverte par Jésus. Il a répondu à un appel, plutôt que disposer d’une identité. » 11
Et le Père Henri-Jérome Gagey d’ajouter dans son interview : « Qu’est-ce qu’être catholique? » :
« Les premiers disciples étaient des catholiques, non pas parce qu’ils obéissaient à un pape ou croyaient à une théologie trinitaire qui n’avait pas encore été formulée,
mais parce qu’ils se rassemblaient en sachant qu’ils étaient alors à deux ou trois, le corps du Christ.
Etre catholique c’est choisir de répondre à l’appel du Christ.
Etre catholique c’est reconnaître en Jésus la manifestation de la vérité et de l’amour, à la suite des prophètes et des sages d’israël ; et accepter d’entrer à sa suite dans ce chemin de vie. »
Ces « éléments de catholicité » complètent ceux du Père Michel Souchon 12 dans son interview :
« Que veux dire être catholique ? » :
« Je préférerais vous expliquer ce que c’est qu’être chrétien. Pourquoi ?
Parce qu’être catholique c’est avant tout d’être chrétien.
Ainsi la phrase du Credo : « Je crois à la Sainte Eglise Catholique » ne veux donc pas dire : « j’ai foi en l’Eglise catholique à l’exclusion des autres ; mais j’ai foi en la catholicité de l’Eglise », en son universalité.
L’Eglise est catholique lorsqu’elle s’adresse à tous les hommes, à l’univers entier ; elle est catholique parce qu’elle tient de son Seigneur tout ce qui est nécessaire au salut de tous ; parce que personne est exclus de ce salut.
Pour aller à l’essentiel, il vaut donc mieux chercher ce qui nous unit aux autres confessions chrétiennes, plutôt que ce qui nous sépare.
Alors qu’est-ce qu’être chrétien ? Le mieux est de citer saint Paul (Romains 10, 9) :
« Si de ta bouche tu confesses que Jésus est Seigneur et si, dans ton coeur, tu crois que Dieu l’a ressuscité des morts, tu seras sauvé »»
Dès lors, comme le font hélas nombres de romains, se draper avec maestria, suffisance et superbe dans une vérité imparable, inébranlable en affirmant que les prélats catholiques gallicans sont des « prêtres non catholiques » ou encore des « prêtres en non union avec l’Eglise catholique » acte si besoin est leur mépris, leur dédain et leur infatuation absolue ; considérant encore et toujours que seuls les prêtres romains sont catholiques ! ! !
Il est vrai que ces prélats romains — à tort d’ailleurs — confèrent le sceau de la catholicité au seul bornage de l’obéissance des vicaires du Christ au pouvoir temporel du pape et à l’impérieuse obligation pour tous les prélats dits « catholiques » de se soumettre à l’imperium du saint Père ! ! !
Voilà bien une approche atypique de la notion de catholicité démentit fort heureusement par de grands théologiens et par l’histoire de l’Eglise.
Oui, nous Gallicans sommes catholiques et oui nous Gallicans reconnaissons le pouvoir spirituel du pape tant celui-ci est primordial, nécessaire et impérieux pour l’universalité de l’Eglise catholique.
C’est ce pouvoir spirituel qui est la clé de voute, l’ossature de l’Eglise catholique ; et oui, nous l’assumons, peu nous chaut le pouvoir temporel du saint Père.
Ce n’est pas de ce pouvoir temporel qu’il détient la vérité de l’Evangile, qu’il incarne en sa personne la spiritualité, qu’il est le phare de l’Eglise dans les ténèbres du monde : c’est de son seul pouvoir spirituel qu’il à la charge —ô combien immense — de toute l’universalité de l’Eglise catholique.
Dès lors, pourfendre avec haine viscérale, machiavélisme ourlée ou critique larvée le prêtre gallican en sa catholicité revient en somme à verser, pour nombres de prélats romains, dans une guerre picrocholine — dont les causes sont en fait ô combien dérisoires, ridicules ou insignifiantes — en ce qu’il s’agit d’un « conflit unilatéral » actionné et entretenu par les seuls ultramontains vis vis de nous, qui ne sommes qu’ouverture et acceptation de nos autres Frères catholiques romains mais aussi de tous nos autres Frères des Eglises catholiques orientales comme l’Eglise antiochienne syriaque maronite plus connue sous le nom d’Eglise maronite du Liban dont l’autorité suprême est le patriarche d’Antioche des Maronites.
9 « Cathéchisme de l’Eglise catholique » p. 266, 277, 285 – Edt. du Cerf
10 Bernard Sesboué « Croire : Invitation à la foi catholique pour les femmes et les hommes du XXI è siècle » – p. 487 – Edt. MamE 1999
11 Interview du Père Henri-Jérôme Gagey, Théologien, quotidien La Croix – 19 janvier 2016 : « Qu’est-ce qu’être catholique ? »
12 Interview du Père Michel Souchon, Théologien, quotidien La Croix sur internet : « Que veux dire être catholique ? »